Gabrielle est atteinte du syndrome de Williams : elle est déficiente intellectuelle. A Montréal, elle habite dans un centre de personnes atteintes de troubles similaires et vit sa vie entre les moments passés avec sa grande sœur Sophie, la chorale où elle chantera bientôt sur scène avec Robert Charlebois (réelle vedette canadienne) et Martin, rencontré dans cette chorale, dont elle est tombée très amoureuse.
Je ne veux pas commencer à parler de respect envers les personnes handicapées mentales, je ne veux pas raconter à quel point le film ouvre les yeux du spectateur sur tout ce qu'elles ont à lui apprendre en termes de sincérité, de simplicité et d'honnêteté, je ne veux pas insister sur la façon extraordinaire avec laquelle Louise Archambault met en scène une protagoniste incroyablement touchante dans sa générosité absolue, sa volonté de liberté inassouvissable et son humanité sentimentale qu'on a tendance à toujours, toujours oublier. Je ne veux pas parler de tout ça parce que moi, comme beaucoup de chroniqueurs dont j'ai pu lire les critiques, je risque alors de tomber dans les bons sentiments, la consensualité, la démagogie. Et ce ne serait pas rendre justice au travail exemplaire de la réalisatrice sur le sujet. Alors, la meilleure façon d'aborder la chose est de vous conseiller d'aller voir le film pour juger par vous-même de la tendresse avec laquelle on aime immédiatement Gabrielle.
Le personnage comme l'actrice, qui est bien sûr elle-même atteinte de cette maladie. On se demande bien sûr comment le tournage s'est déroulé, puis on se rend compte que tout a dû avoir lieu avec la même évidence que dans le film. Aussi Gabrielle Marion-Rivard interprète son rôle avec enthousiasme, bonheur et vérité, sa présence lumineuse fait du film ce qu'il est et se marie à merveille avec une mise en scène délicate et claire. Mais c'est en se penchant sur le personnage de Martin qu'on s'étonne : Alexandre Landry n'est, quant à lui, pas déficient mental. Et il était impossible de s'en douter, tant son jeu est subtil et fin, tout en demeurant très respectueux et attentif. A deux, ils dessinent une histoire d'amour dont on ne sait plus si elle est singulière ou banale, ce qui prouve bien l'extrême réussite du long-métrage.
C'est donc un petit film sans prétention, mais qui touche parfaitement juste : la relation de Gabrielle avec sa sœur (Mélissa Désormeaux-Poulin) est parfaite et le rôle de la mère, détachée car perdue, est très intéressant également, tout comme celui, opposé, de la mère surprotectrice de Martin. La relativement faible quantité d'action ne dérange pas car, comme dans la vie de Gabrielle, une contrariété devient un drame, une course un défi, un amour une raison de vivre. En cela, "Gabrielle" rend compte d'une minorité oubliée avec un soin infini, et cette œuvre humble peut se targuer de se montrer indispensable alors même qu'on en avait omis l'urgente nécessité.
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